Face aux conditions de marché et aux difficultés à vendre les avantages de sa cryptomonnaie, la République centrafricaine en retarde la cotation. Les droits liés au Sango Coin, qui restent à pérenniser, en font davantage un titre de propriété qu’une monnaie.
La République centrafricaine retarde la cotation de sa cryptomonnaie, baptisée Sango Coin, en raison des conditions actuelles du marché et « pour des raisons de #marketing ».
L’annonce en a été faite sur la chaîne officielle Telegram de cette monnaie virtuelle, lancée en grande pompe en juillet 2022 par le président Faustin-Archange #Touadéra. Son objectif était de lever près d’un milliard de dollars en un an. Jusqu’à présent, cependant, la pièce n’a été vendue qu’à hauteur de 1,66 million $, selon le site Internet de Sango. Cette somme ne représente que 8% des 210 millions de pièces Sango officiellement mises en vente.
Le Sango Coin offrirait des incitations intéressantes aux investisseurs étrangers, notamment la citoyenneté par investissement et, à terme, un passeport, ainsi que des avantages en matière de gouvernance.
Le projet de cotation serait repoussé au premier trimestre 2023. Les autorités centrafricaines ont également annoncé le report de la levée des restrictions sur la vente du Sango. Les détenteurs ne peuvent donc pas vendre jusqu’à 5% de leurs pièces, encore « verrouillées pendant un an ».
En avril 2022, la République centrafricaine a fait de Bitcoin comme monnaie légale, devenant ainsi le premier pays africain à se lancer dans cette aventure. Entre autres retombées, la monnaie doit servir à valoriser le patrimoine de la Centrafrique, et à financer indirectement un grand centre d’affaires et d’activité, qui serait situé sur une île en plein cœur de Bangui.
Le pays avait également annoncé précédemment un projet visant à permettre aux investisseurs étrangers d’acheter la citoyenneté pour 60 000$ de pièces Sango. Cependant, cette initiative a été bloquée comme étant inconstitutionnelle par la plus Haute cour du pays en août.
En matière de « marketing », le #SangoCoin se heurte à deux écueils. Tout d’abord, la méfiance, pour ne pas dire l’hostilité de la Banque centrale des États d’Afrique centrale. « Je tiens à préciser que pour tous les pays de la zone #Cemac, la seule monnaie est le franc #CFA… l’option de la Banque centrale est de dire aux citoyens de ne pas investir dans ces actifs spéculatifs, parce qu’ils sont très risqués », prévenait fin novembre Abbas Mahamat Tolli. Le gouverneur savait toutefois que la législation de la Cemac autorise les prestations de services en actifs numériques et en jetons.
Premier pays africain à avoir adopté le Bitcoin comme monnaie légale, la Centrafrique avait lancé le 25 juillet dernier, le premier cycle de vente d’une cryptomonnaie. Dans ce cadre, 210 millions de Sango coins ont été proposés à la vente au prix unitaire de 0,10 $, avec un investissement minimum de 500 $ à payer en cryptomonnaies, notamment en Bitcoin et en Ethereum.
Douze autres cycles de vente de Sango coins sont prévus, avec des prix qui augmenteront à chaque fois. Les investisseurs étrangers ont également la possibilité d’acheter la citoyenneté pour 60 000 $ en cryptomonnaies, à condition de détenir des Sango coins équivalents pendant cinq ans à titre de garantie, et la « e-résidence » pour 6 000 dollars détenus pendant trois ans, selon des données publiées sur le site Web officiel de la #cryptomonnaie (sango.org).
Un terrain de 250 mètres carrés est également proposé pour 10 000 $ aux investisseurs qui acceptent de conserver les Sango coins pendant une décennie.
La Cour constitutionnelle centrafricaine avait cependant jugé, dans un décret publié fin août dernier, « inconstitutionnel » l’achat de la citoyenneté, de la « e-résidence », de terrains et des ressources naturelles du pays au moyen de la cryptomonnaie Sango, expliquant que « la nationalité n’a pas de valeur marchande » et que la résidence « exige un séjour physique en République centrafricaine ».
La Cour suprême s’est prononcée à ce sujet, suite à une requête déposée début août par le Groupe d’action des organisations de la société civile pour la défense de la Constitution du 30 mars 2016 (G-16).