Même après avoir reconnu qu’elles s’étaient trompées en matière d’inflation l’année dernière, les banques centrales ont continué à faire des erreurs dans leurs orientations politiques, ce qui risque de nuire encore plus à leur crédibilité, de perturber les marchés et de compromettre la reprise post covid.
On s’attend maintenant à ce que la Réserve fédérale augmente ses taux d’intérêt de 75 points de base ce mercredi 15 juin , quelques semaines seulement après que le président Jerome Powell et son équipe aient annoncé à plusieurs reprises une hausse d’un demi-point de pourcentage. Il s’agit de la dernière d’une série de ratés, allant de la décision de considérer l’inflation élevée comme “transitoire” l’année dernière à l’accélération de la fin de son programme d’achat d’obligations, en passant par l’accélération de l’écoulement de son portefeuille d’obligations.
La présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, s’est récemment montrée plus belliciste qu’elle ne l’avait indiqué précédemment, et la Banque de réserve d’Australie fait partie de ceux qui ont relevé leurs taux plus rapidement que les décideurs ne l’avaient signalé.
Les investisseurs émettent des jugements, craignant que la course au rattrapage des erreurs de prévision passées n’augmente le risque de récession. Les actions mondiales sont entrées dans un marché baissier, les rendements du Trésor américain ont enregistré lundi leur plus forte hausse sur deux jours depuis les années 1980 et les marchés du crédit montrent des signes de tension croissante.
Le conseil des gouverneurs de la BCE tiendra une réunion ad hoc mercredi “pour discuter des conditions actuelles du marché”, selon un porte-parole. Pendant ce temps, l’épreuve de force entre les opérateurs obligataires et la Banque du Japon s’intensifie rapidement, la banque centrale peinant à convaincre les marchés que sa politique monétaire ultra-libre est durable, les contrats à terme sur les obligations à dix ans ayant connu leur plus forte chute depuis 2013 mercredi.
Les gaffes des gourous de la politique monétaire ternissent une réputation de garantie de la stabilité des prix et de prévention du type de spirale inflationniste qui a martelé les revenus de la classe moyenne dans les années 1970. La perte de crédibilité signifie qu’une action politique encore plus importante pourrait être nécessaire pour désamorcer les pressions sur les prix.
On ne peut pas reprocher à la Fed, à la BCE et à leurs homologues de ne pas avoir anticipé la flambée des prix résultant de l’invasion de l’Ukraine par la Russie ou, sans doute, la durée des problèmes de la chaîne d’approvisionnement mondiale.
Néanmoins, la poursuite de l’expansion de leurs bilans en 2021 et le maintien de taux proches de zéro, alors même que l’inflation grimpait en flèche et que les économies se remettaient des profondeurs de la crise de Covid-19, semblent avoir contribué à semer les graines de la tourmente actuelle, selon les critiques.
Plus de 50 banques centrales dans le monde ont relevé leurs taux d’intérêt d’au moins un demi-point en une seule fois cette année.
Powell a pris jusqu’en novembre pour “retirer” la description de l’inflation comme “transitoire” et le mois dernier a reconnu qu’avec “le recul, alors, oui, il aurait probablement été préférable de relever les taux plus tôt.”
Les États-Unis ne sont pas les seuls à être confrontés à un problème de crédibilité.
Lagarde et ses collègues sont désormais en passe de relever les taux d’un quart de point en juillet et de 50 points de base en septembre. Et ce, après que Mme Lagarde ait déclaré en décembre qu’il était peu probable qu’il y ait un quelconque resserrement des taux cette année.
“Toutes les institutions internationales, tous les prévisionnistes de renom ont en fait commis la même erreur” de sous-estimer la crise, a déclaré Mme Lagarde la semaine dernière.
Tous les regards sont tournés vers la Réserve fédérale, dont la réunion devrait déboucher sur une forte hausse des taux d’intérêt, car il est désormais clair que les banques centrales du monde entier se sont trompées. On s’attend maintenant à ce que la Fed augmente les taux d’intérêt de 75 points de base aujourd’hui, quelques semaines seulement après que le président Jerome Powell et son équipe aient annoncé à plusieurs reprises une hausse d’un demi-point de pourcentage.
source: www.bloomberg.com/news/