Pour le patron de Tesla et SpaceX, le réseau social n’a pas respecté ses engagements pris dans l’accord.
- Quatre mois après avoir fait part de sa proposition d’achat de Twitter, le PDG de Tesla souhaite annuler le processus.
- Dans une lettre présentée à la SEC américaine, l’équipe juridique d’Elon Musk a présenté les raisons de ce retrait d’achat.
- Des incohérences dans l’accord d’acquisition ainsi que des désaccords systématiques avec le conseil d’administration ont notamment été invoqués.
Le PDG de Tesla, #ElonMusk, a retiré son offre de rachat de Twitter pour 44 milliards de dollars, ce quatre mois après avoir annoncé publiquement son intention d’acquérir le réseau social. Comme raison à ce retrait, des incohérences dans l’accord d’acquisition ainsi que des désaccords systématiques avec le conseil d’administration ont été invoqués.
Dans une lettre envoyée à la Securities and Exchange Commission (SEC) américaine, Elon Musk a expliqué :
“Twitter n’a pas encore fourni la plupart des données et informations répondant aux demandes répétées de M. Musk, y compris, sans toutefois s’y limiter : les informations liées au processus de Twitter pour vérifier l’inclusion des spams et des faux comptes dans mDAU, et les informations liées au processus de Twitter pour identifier et suspendre les spams et les faux comptes”.
L’équipe juridique, qui a cosigné la lettre avec le magnat de la technologie, a soutenu que Twitter n’a pas fourni les informations demandées par Elon Musk avant deux mois, mais seulement des données limitées et ” sous conditions, avec des limitations “. La lettre affirme également que les informations reçues étaient les mêmes que celles que le réseau social donne à ses clients ou à ses annonceurs, rendant impossible pour le PDG de Tesla de procéder à une analyse adéquate avec ses conseillers.
Fin avril, Elon Musk a fait part de son intention d’acquérir Twitter, détaillant que le prix d’achat représente une prime de 38 % par rapport au cours de clôture de l’action du réseau social au 1er avril 2022.
Cette date est symbolique, car elle précède d’un jour la divulgation par l’entrepreneur de sa participation majoritaire dans Twitter, qui semblait être en accord avec le conseil d’administration du réseau social.
Dans la lettre envoyée à la SEC, Elon Musk et ses conseillers ont déclaré :
“Sur la base du refus susmentionné de fournir les informations que M. Musk demande depuis le 9 mai 2022, Twitter enfreint les sections de l’accord de fusion. Malgré les spéculations sur ce point, M. Musk n’a pas renoncé à son droit d’examiner les données et informations de Twitter car il a choisi de ne pas rechercher ces données et informations avant de conclure l’accord de fusion ; il a en effet négocié des droits d’accès et d’information afin de pouvoir examiner les données”.
L’équipe juridique d’Elon Musk a souligné que Twitter avait reçu l’avis de non-respect dès le 6 juin, de sorte que la décision de retrait a été prise du fait que toute période de redressement prévue par l’accord “a déjà expiré”.
Elle a également accusé le réseau social d’avoir publié de fausses déclarations sur les négociations en cours, ce qui constitue une violation de “l’accord de fusion”.
“Twitter a déclaré ‘chercher continuellement à améliorer notre capacité à estimer le nombre total de comptes de spam et à les retirer de notre calcul du mDAU….’. Cependant, le processus utilisé par Twitter pour calculer son mDAU et le pourcentage de mDAU constitué de comptes de spam non monétisables semble être arbitraire et ad hoc. Divulguer que Twitter dispose d’un processus réfléchi pour calculer le mDAU alors qu’il s’agit du contraire serait faux et trompeur.”
L’argumentation de l’équipe juridique d’Elon Musk se concentre sur les faux comptes Twitter qui génèrent des “spams”, car le magnat aurait alors des raisons de croire que ces bots ou ces faux comptes s’avèrent en fait “substantiellement plus élevés” que la quantité de moins de 5 % représenté par Twitter dans ses dépôts auprès de la SEC.
“Le décompte réel des faux comptes par Twitter constitue un élément clé de l’activité de l’entreprise, étant donné qu’environ 90 % de ses revenus proviennent des publicités. Par conséquent, dans la mesure où Twitter a sous-estimé le nombre de faux comptes, cela peut constituer un effet défavorable de l’accord de fusion”.
Tous perdants
“C’est un scénario désastreux pour Twitter et son CA, car l’entreprise va maintenant devoir affronter Musk dans une longue bataille judiciaire pour sauver la transaction et/ou récupérer au moins un milliard de dollars”, a réagi l’analyste Dan Ives.
Dans la lettre, les avocats d’Elon Musk évoquent aussi des licenciements récents d’employés de #Twitter et le gel des recrutements.
Ils ont clairement “listé le plus de motifs possibles pour éviter d’avoir à payer” l’amende prévue, a commenté l’analyste Carolina Milanesi pour l’AFP.
Le 25 avril, Elon Musk semblait avoir réussi son pari, malgré les tentatives initiales de Twitter de le repousser.
Après être graduellement, et discrètement, monté au capital du groupe, il passait un accord définitif avec le CA du groupe pour racheter le réseau social au prix de 54,20 dollars par action, soit 44 milliards de dollars en tout.
Depuis, le titre de Twitter a perdu plus d’un quart de sa valeur. L’action de Tesla a aussi dégringolé de près de 25% sur cette période.
Mais même si le réseau social ressort affaibli des nombreuses péripéties de ces derniers mois, “le pire serait que Twitter force l’acquisition à avoir lieu”, note Carolina Milanesi.
“Ils se retrouveraient avec un propriétaire qui ne veut pas de l’entreprise, et plein de ressentiment”.
Source : SEC