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Le Web3 est souvent considéré comme la troisième génération d’Internet, introduisant l’infrastructure décentralisée et des systèmes sans permission pour éliminer les intermédiaires, brisant ainsi le monopole des géants comme Google et Microsoft. L’objectif est de faire évoluer le Web2, qui reste l’interface principale pour la majorité des utilisateurs.
Cependant, le développement de Web3 a été remarquablement lent, et frustrant. Bien qu’il existe des millions d’applications Web2, seules quelques-unes ont capté l’attention dans l’univers Web3. Cela pourrait cependant changer avec l’amélioration des outils de développement disponibles pour les programmeurs.
Une des principales raisons de cette lenteur est la courbe d’apprentissage abrupte liée à la transition de Web2 à Web3, un processus complexe pour les développeurs qui doivent appréhender de nouvelles technologies comme la blockchain. L’architecture des applications Web3, ou DApps, diffère considérablement car elle se concentre sur la décentralisation.
La blockchain, composante clé de cette décentralisation, constitue la base de chaque DApp Web3. Pour les développeurs, cela représente un changement significatif, car l’exploitation de la blockchain élimine le besoin d’intégrer des plates-formes centralisées comme les serveurs Web et les bases de données.
La décentralisation étant l’objectif principal de Web3, l’architecture doit également être adaptée. Par exemple, les DApps Web3 reposent sur des « contrats intelligents » — des programmes écrits dans des langages spécifiques qui contiennent la logique nécessaire et fonctionnent comme le backend de l’application. Ces contrats peuvent exécuter des actions automatiquement selon des règles établies et sont déployés sur la même blockchain que la DApp.
Cette architecture aide à créer un écosystème numérique plus inclusif et transparent, accessible à tous, sans censure ni restrictions. Elle vise à pallier certaines des failles majeures de Web2, dominé par des géants technologiques, entraînant un contrôle centralisé sur les données utilisateurs.
L’intérêt est là
Malgré ses promesses, le Web3 a tardé à se concrétiser. Bien que le terme « Web3 » ait été introduit par le Dr Gavin Wood il y a plus d’une décennie, la majorité des applications Internet demeure centralisée. Ce manque de progrès pourrait être interprété comme un désintérêt pour un réseau décentralisé, mais d’autres données indiquent le contraire.
D’une part, des sommes considérables sont investies dans le développement de Web3. Selon Crunchbase, les startups Web3 ont levé 2 milliards de dollars de financement au troisième trimestre de 2024, une hausse de 43 % par rapport à l’année précédente.
De plus, l’intérêt des utilisateurs Internet pour « Web3 » est réel, avec environ 200 000 recherches mensuelles sur Google. En 2021, plus de 34 000 développeurs ont participé à des projets open-source Web3, d’après Electric Capital.
Ces données suggèrent que le nombre limité d’applications Web3 n’est pas lié à un manque d’intérêt, mais plutôt aux difficultés des développeurs à passer d’applications traditionnelles à décentralisées.
Le développement Web3 est beaucoup plus complexe
Un des principaux défis pour les développeurs réside dans le manque d’outils adaptés pour faciliter la création d’applications Web3.
Dans le domaine du Web2, une multitude d’outils sont à disposition, rendant le développement tellement accessible qu’il est possible de créer des applications fonctionnelles sans compétences en programmation. Des outils dits « low-code » et « no-code » permettent à quiconque de réaliser facilement des applications Web2.
Avec des interfaces visuelles de type glisser-déposer, les utilisateurs peuvent assembler les éléments de leurs applications sans avoir à coder, ce qui a révolutionné le développement logiciel. Il est courant de voir des employés créer leurs propres applications sans l’aide de développeurs expérimentés.
En revanche, le développement Web3 est devenu plus ardue avec l’avènement du « Multichain ». Les réseaux de blockchain fonctionnent souvent en silos, avec des centaines de blockchains comme Ethereum, Solana, BNB Chain, etc. Chacune représente un environnement isolé où les jetons et données sont enfermés dans leur propre écosystème.
Cela complique l’interaction des DApps Web3 avec d’autres DApps situés sur différents réseaux, limitant ainsi leur interopérabilité. De plus, les développeurs manquent souvent d’infrastructures clés, les obligeant à consacrer du temps à créer leurs propres outils et intégrations au lieu de concentrer leurs efforts sur le développement de DApps.
Faible code pour les DApps Web3 ?
Il y a des raisons d’espérer que le développement de Web3 deviendra moins complexe à mesure que l’infrastructure de développement s’améliore. Des concepts tels que les architectures basées sur l’intention émergent, facilitant la transition pour les développeurs.
Ces architectures permettent aux développeurs de spécifier les résultats souhaités sans se soucier des détails techniques. Elles promettent de réduire les silos entre les différents écosystèmes de blockchain. Ainsi, un développeur peut indiquer ce qu’il attend de son application, et le système écrira le code nécessaire.
Une plateforme phare en matière d’architectures basées sur l’intention est le réseau ENSO, qui opérationnalise les interactions de contrats intelligents à travers diverses blockchains. Considéré comme un « moteur d’intention », il permet aux développeurs de formuler leurs attentes, qu’ENSO traduit en workflows exploitables avec les contrats intelligents des différentes blockchains. Cela simplifie considérablement l’intégration pour les développeurs.
En somme, ENSO agit comme un middleware, facilitant l’intégration d’applications DeFi dans les DApps sans les complexités habituelles, en automatisant l’intégration des divers protocoles.
D’autres initiatives comme le récemment lancé Aurora Cloud Console permettent également le déploiement de blockchains personnalisés EVM de manière simple, sans nécessiter de codage. De plus, des outils no-code émergent, permettant à quiconque de créer facilement des cryptomonnaies ou des pools de liquidité.
Résumé
L’émergence de ces nouveaux outils indique que le paysage du développement Web3 est en plein changement. En simplifiant et en abstrait les complexités liées au développement de DApps, ils encouragent la transition de Web2 à Web3. Ainsi, ces avancées ouvrent la voie à des développeurs familiers avec Web2 pour explorer le potentiel des applications décentralisées sans devoir investir énormément de temps dans l’apprentissage des nouvelles bases. Même si le Web3 a pris du temps à se développer, il est clair que les obstacles à son avancement diminuent et que d’autres développeurs commenceront bientôt à explorer ses possibilités.
Avertissement : Cet article est fourni à titre informatif uniquement et ne doit pas être interprété comme des conseils juridiques, fiscaux, d’investissement ou financiers.