Le Salvador était le premier à reconnaitre le bitcoin comme monnaie officielle et donc légale à travers le monde. Mais ce fut aussi à l’inverse le premier pays à mettre fin à la reconnaissance de cette cryptomonnaie. Pari raté donc pour le président de ce pays d’Amérique centrale. Décryptage.Â
En septembre 2021 Nayib Bukele en était fier, son pays était le premier au monde à adopter officiellement le bitcoin comme monnaie. Monnaie légale donc avec un cours légal. Concrètement, cette loi obligeait toutes les entreprises et les institutions du Salvador d’accepter tout paiement en bitcoin. Nayib Bukele estimait que cette mesure allait stimuler l’activité économique du pays en attirant des investissements et en accélérant des paiements. Mais trois ans et demi plus tard, force est de constater que ce qu’il considérait comme une opération de modernisation du Salvador n’a pas vraiment marché comme il l’avait envisagé.Â
Entre 200 et 400 millions de dollarsÂ
La mayonnaise n’a pas pris, c’est aussi simple que ça. Déjà pour payer en bitcoin, il faut détenir du bitcoin, ce qui n’est franchement pas donné à tout le monde. Pourtant, le gouvernement a beaucoup investi pour que ça fonctionne. D’après le quotidien hispanique El Pais, entre 200 et 400 millions de dollars ont été mis sur la table notamment en créant une mesure incitative pour passer au bitcoin. Il suffisait de télécharger une application spécifique pour faire cette conversion. En contrepartie, vous receviez 30 dollars. Sauf que beaucoup de Salvadoriens ont fait la manipulation mais en sont restés là pour simplement gagner ces 30 dollars. D’après le bureau national de recherche économique, un organisme privé américain, pratiquement la moitié des téléchargements ont eu lieu au lancement de l’application. La banque centrale salvadorienne estime elle à moins de 2% l’envoi de fonds via ces cryptos entre janvier et novembre 2023.Â
Pression du FMIÂ
Le manque d’utilisateurs du bitcoin n’a pas été la seule raison à ce pas en arrière de Nayib Bukele. En fait, les autorités ont cédé aux demandes du Fonds monétaire international. Parce qu’il faut savoir que le Salvador fait face à une dette publique de 31 milliards de dollars, elle est conséquente puisqu’elle représente à peu près 85% du PIB du pays. Pour obtenir des liquidités, seul le FMI acceptait de prêter mais à une condition: mettre fin à la reconnaissance du bitcoin comme monnaie officielle, l’institution ayant toujours vu d’un mauvais Å“il cette décision. Le Salvador a donc cédé aux pressions du Fonds monétaire international qui devrait lui octroyer un prêt d’1,4 milliards de dollars.Â
À lire aussiLe FMI va accorder un prêt au Salvador sous conditions sur l’utilisation du bitcoin
Pourtant, le Salvador détient encore de cette cryptomonnaie dans ses réserves nationales. Même si le gouvernement est plutôt discret sur le montant, d’après le bureau national du bitcoin, le Salvador possède 6 050 bitcoins, d’une valeur d’environ 600 millions de dollars. Pour le moment, le pouvoir ne va pas y toucher mais Nayib Bukele mise sur son homologue américain. Donald Trump ne s’en cache pas, c’est un fervent défenseur des cryptomonnaies. Le président salvadorien estime qu’avec le nouveau locataire de la Maison Blanche, il y aura une « appréciation exponentielle du bitcoin ». Reste à savoir s’il en est convaincu ou s’il veut rassurer !Â
À lire aussiDonald Trump et les cryptomonnaies: quand le business est aussi politique