En novembre dernier, la plateforme Hyperliquid a suscité un vif intérêt en réalisant un airdrop colossal à destination de ses utilisateurs. Cependant, cette plateforme de trading ne se limite pas à un simple échange. En effet, Hyperliquid est une blockchain de layer-1, conçue spécifiquement pour les applications nécessitant un haut débit. Elle se démarque par une architecture qui combine performance, transparence et efficacité.
Pourquoi introduire une nouvelle blockchain pour la finance décentralisée ?
Les systèmes financiers traditionnels présentent des limitations notables : un manque de transparence et une dépendance vis-à -vis d’entités centralisées. Bien que la finance décentralisée (DeFi) soit une solution, elle est cependant restreinte par des problèmes de scalabilité et de coûts.
C’est pourquoi les premiers échanges décentralisés sur la blockchain ont opté pour des architectures de type AMM, plutôt que des order-book comme c’est le cas sur les plateformes centralisées.
Ainsi, Hyperliquid cherche à combiner le meilleur des deux univers grâce à une infrastructure décentralisée optimisée pour le trading de cryptomonnaies en temps réel. Chaque transaction, ordre ou liquidation est exécuté entièrement on-chain, garantissant une transparence totale sans compromettre les performances.
Pour simplifier la compréhension, nous utiliserons le terme Hyperliquid L1 dans cet article pour faire référence à la blockchain.
L’architecture technique : qu’est-ce qui se cache sous le capot d’Hyperliquid L1 ?
HyperBFT : Le consensus optimisé
Qui dit blockchain, dit consensus. Ce dernier constitue la base de ces systèmes, assurant que tous les nœuds du réseau s’accordent sur une version unique des données.
Hyperliquid L1 a choisi d’utiliser un algorithme de consensus nommé HyperBFT. Ce dernier est basé sur l’algorithme HotStuff développé par VMware Research en 2018. HotStuff a ensuite été utilisé par le projet Diem de Meta, qui a été abandonné sous la pression réglementaire. Cet algorithme se retrouve également au cœur de blockchains comme Aptos (APT) ou Sui (SUI), développées par d’anciens employés de Meta.
Ce mécanisme a été conçu pour répondre aux exigences des applications à haute fréquence, garantissant une latence extrêmement basse, avec une durée de bloc inférieure à une seconde.
De cette façon, Hyperliquid est en mesure d’offrir une expérience utilisateur rapide et fluide, ce qui est crucial pour des applications financières telles que sa plateforme de trading Hyperliquid DEX.
Avec HyperBFT, la latence est de 0,2 seconde et il est possible d’exécuter jusqu’à 100 000 ordres par seconde.
HyperEVM : une machine virtuelle EVM personnalisée
Comme de nombreuses blockchains, Hyperliquid intègre HyperEVM, qui est une version sur mesure de l’Ethereum Virtual Machine (EVM), permettant l’exécution de smart contracts.
Une des spécificités d’HyperEVM réside dans son intégration directe à l’état natif d’Hyperliquid L1, facilitant ainsi la communication entre les smart contracts et les fonctions centrales de la blockchain, telles que les order books utilisés pour le trading.
En outre, uniquement les jetons conformes au standard HIP-1 sont intégrés à l’état natif de Hyperliquid L1, permettant leur échange direct sur le marché spot natif, sans avoir besoin de smart contracts externes.
À terme, lorsque l’HyperEVM sera complètement déployée et intégrée à l’écosystème Hyperliquid, le but sera de rendre les tokens ERC-20 d’HyperEVM interopérables avec les actifs natifs de la L1, simplifiant ainsi les échanges et diminuant la dépendance vis-à -vis des smart contracts tiers.
Pour le moment, l’HyperEVM est uniquement opérationnelle sur le testnet, permettant aux développeurs de tester et de donner leur feedback. Le déploiement sur le mainnet est prévu pour les mois à venir, bien qu’aucune date précise n’ait été annoncée.
Architecture dual-block : Flexibilité entre vitesse et complexité
Hyperliquid a récemment introduit une innovation clé dans son moteur HyperEVM : l’ architecture dual-block.
Cette approche permet à la blockchain de traiter deux types de blocs simultanément, optimisant ainsi la vitesse et la capacité des transactions.
Les fast blocks, générés toutes les 2 secondes avec une limite de gaz de 1 million, permettent la rapidité du traitement des transactions légères.
En parallèle, les slow blocks, produits toutes les minutes avec une capacité de 30 millions de gaz, sont destinés à des transactions plus complexes, comme les déploiements de smart contracts lourds.
Cette configuration permet de répartir la charge selon le type de transaction et ses exigences techniques. Ainsi, les transactions de trading peuvent être rapidement traitées via les fast blocks, tandis que les interactions nécessitant moins de rapidité, comme certaines opérations avec des smart contracts, sont gérées dans les slow blocks.
« La motivation principale de l’architecture dual-block est de dissocier la vitesse et la taille des blocs lors de l’amélioration des débits. Les utilisateurs recherchent des blocs plus rapides pour réduire le temps de confirmation, tandis que les développeurs souhaitent des blocs plus volumineux pour intégrer de plus grosses transactions comme des déploiements de smart contracts complexes. L’architecture dual-block permettra d’améliorer simultanément ces deux aspects. »
Cette architecture offre aux développeurs la possibilité d’optimiser les transactions en fonction de leurs priorités, qu’il s’agisse de rapidité ou de capacité.
HYPE : le jeton natif de Hyperliquid L1
En novembre 2024, Hyperliquid a présenté son jeton natif : le HYPE. Ce jeton est utilisé pour le staking, permettant ainsi aux détenteurs de HYPE de contribuer à la sécurité du réseau et de recevoir des récompenses en retour.

Les utilisateurs peuvent déléguer leurs jetons à des validateurs, qui sont responsables de la production des blocs et de la validation des transactions.
« Hyperliquid L1 fonctionne sur un modèle de proof of stake où les stakers délèguent le jeton natif HYPE à des validateurs pour obtenir des récompenses. Les stakers reçoivent des récompenses uniquement lorsque le validateur participe avec succès au consensus, ce qui fait qu’il est recommandé de déléguer uniquement à des validateurs réputés et fiables. »
Pour qu’un validateur devienne actif, il doit s’auto-déléguer un minimum de 10 000 HYPE. Une fois ce seuil atteint, il débute la production de blocs et perçoit des récompenses proportionnelles au montant de HYPE qui lui est délégué.
Tokenomics du jeton HYPE
La supply totale du jeton HYPE est de 1 milliard de tokens, et sa répartition a été planifiée pour favoriser la communauté et les contributeurs au projet.
Contrairement à la plupart des projets crypto, aucun token n’a été attribué à des investisseurs privés, à des échanges centralisés ou à des market makers.
La répartition des tokens est la suivante :
- 38,888 % réservés aux futures émissions et récompenses communautaires (airdrops, etc.);
- 31 % distribués lors du TGE;
- 23,8 % alloués aux contributeurs principaux, actuels et futurs;
- 6 % dédiés au budget de la Hyper Foundation;
- 0,3 % attribués aux subventions communautaires;
- 0,012 % réservés au programme HIP-2 Hyperliquidity.
Lors du lancement du jeton le 29 novembre, 310 millions de HYPE ont été alloués aux utilisateurs de la plateforme de trading Hyperliquid, une part exceptionnellement élevée comparée aux airdrops observés en 2024.
Suite à cette distribution et à l’excellente qualité de son DEX, Hyperliquid s’est rapidement imposé comme un protocole clé. Le déploiement de l’HyperEVM dans les mois prochains et l’émergence d’un écosystème DeFi plus complet pourraient propulser cette blockchain au rang de projet majeur dans l’écosystème. Reste à voir si les équipes d’Hyperliquid pourront tenir leurs engagements et si les utilisateurs continueront à répondre présents.