Chaque année, Chainalysis, une entreprise spécialisée dans l’analyse on-chain, publie un rapport sur les activités criminelles liées aux cryptomonnaies de l’année précédente. Après une année 2023 relativement calme en matière de criminalité, le retour d’un bull run en 2024 semble avoir relancé certaines activités illicites. Dans cet article, nous allons examiner les conclusions du rapport de Chainalysis et les évolutions de la cryptocriminalité en 2024.
Cet article s’appuie sur les données compilées dans le 2025 Crypto Crime Report de Chainalysis.
2024 : Une année calme ? Seulement en apparence
Dans son rapport, Chainalysis compile des informations provenant de diverses sources, notant que les activités criminelles relacionadas aux cryptomonnaies sont de plus en plus diversifiées.
« Auparavant, les activités illicites en ligne se concentraient principalement sur la cybercriminalité, mais aujourd’hui, les cryptomonnaies sont utilisées pour financer divers types de menaces, depuis la sécurité nationale jusqu’à la protection des consommateurs. »
Cette diversification rend difficile le suivi précis des volumes liés à ces activités. De plus, une partie de la criminalité se déplace hors de la chaîne, compliquant davantage l’analyse.
« Avec l’acceptation croissante des cryptomonnaies, les activités illicites en ligne sont également devenues plus variées. Certains acteurs criminels opèrent principalement hors ligne, mais transfèrent des fonds sur la chaîne pour des opérations de blanchiment. »
Chainalysis a identifié un volume de 40,9 milliards de dollars attribués aux activités illicites en 2024, ce qui représente une baisse par rapport à 2022 et 2023, qui avaient affiché des volumes respectifs de 54 et 46 milliards de dollars.
Cependant, en tenant compte de la diversification et de la complexité croissante des activités criminelles, Chainalysis estime que le volume réel pour 2024 pourrait approcher les 51 milliards de dollars, faisant de cette année l’une des plus difficiles.
« Dans un futur proche, ces totaux pourraient augmenter, car nous continuons d’identifier de nouvelles adresses illicites et d’intégrer leurs activités historiques dans nos estimations. Par exemple, lorsque nous avons publié le Crypto Crime Report de l’année précédente, nous avions annoncé un volume de 24,2 milliards de dollars pour 2023 ; un an plus tard, notre estimation a été révisée à 46,1 milliards de dollars. »
Néanmoins, ces activités restent marginales par rapport au volume total sur la chaîne. Chainalysis estime qu’elles représentent environ 0,14 % du volume on-chain, une baisse par rapport à 0,61 % en 2023.
Les hacks : Un fléau pour l’écosystème
Parmi les activités illégales, les hacks et vols de cryptomonnaies persistent. Chainalysis rapporte une augmentation de 21 % des hacks en 2024, avec des pertes estimées à au moins 2,2 milliards de dollars.
Les protocoles de finance décentralisée (DeFi) sont souvent dans le viseur de ces attaques, en raison de vulnérabilités dans leurs contrats intelligents. Toutefois, une tendance récente montre une hausse des attaques visant des services centralisés au cours des deuxième et troisième trimestres.
Bien que les hacks soient une part importante des vols, les compromissions de clés privées ont désormais pris le devant, représentant 43,8 % des vols. Cette problématique a déjà été soulevée par Chainalysis dans un rapport de fin 2024, avec une partie des compromissions attribuées aux hackers nord-coréens, qui infiltrent parfois les équipes de développeurs.
Ransomware et darknet : Des marchés en dents de scie
Les ransomwares, bien que moins répandus qu’auparavant, continuent d’engendrer des centaines de millions de dollars. Ils ciblent principalement des entreprises et infrastructures critiques, mais Chainalysis note une baisse de leur efficacité en 2024, attribuable à une “diminution de la propension des victimes à payer des rançons”.
Le marché du darknet a également subi une baisse, enregistrant un volume de 2 milliards de dollars en 2024, contre 2,3 milliards en 2023. Les raisons de cette diminution demeurent floues, et il est peu probable qu’elles soient dues aux sanctions imposées par l’OFAC, que même le Congrès américain a contestées.
Une mutation de la criminalité
Pour conclure son rapport, Chainalysis souligne une tendance majeure : 2024 a été une année de mutation.
Les activités criminelles impliquant des cryptomonnaies se multiplient, de plus en plus d’organisations criminelles traditionnelles y ayant recours pour diverses activités telles que le trafic de drogue, le blanchiment d’argent et bien d’autres formes de criminalité.
De nouveaux réseaux émergent, unissant ces crimes. Chainalysis cite l’exemple de Huione Guarantee, où plus de 70 milliards de dollars de transactions cryptographiques ont eu lieu depuis 2021, facilitant la vente de technologies d’escroquerie.
« Huione et les fournisseurs sur leur plateforme ont traité plus de 70 milliards de dollars de transactions, créant une infrastructure qui facilite diverses fraudes. »
Malheureusement, la tendance actuelle pourrait ne pas s’améliorer en 2025. Avec le retour du bull run et le Bitcoin qui pourrait franchir la barre des 100 000$, le risque d’une montée des hacks et des escroqueries est très probable. Une année supplémentaire où il faudra naviguer avec prudence dans l’univers on-chain.