J’ai récemment eu une discussion avec un ami au Kenya qui a décrit les difficultés rencontrées par les femmes dans ce pays pour se présenter aux élections locales, notamment à cause de la complexité de l’ouverture d’un compte bancaire. Le premier obstacle est l’obtention de documents d’identification, un processus compliqué par des attitudes culturelles où les hommes peuvent s’opposer aux femmes voulant des documents indépendants. De plus, beaucoup de femmes vivent loin des centres d’enregistrement, ont une littératie limitée pour remplir des formulaires et peuvent ne pas avoir les moyens de voyager ou de payer les frais nécessaires. Elles peuvent également être dépourvues de certificats de naissance, de preuves de résidence si elles vivent avec un parent masculin, et des délais de traitement peuvent necessiter plusieurs visites dans des centres éloignés.
Sans compte bancaire, sans la possibilité de gérer l’argent de manière indépendante, les femmes ne sont pas vraiment libres. Dans de nombreux pays, cela constitue un obstacle à l’accès aux services gouvernementaux, à l’emploi formel, à l’inscription électorale et à la création d’entreprises. En particulier, cela limite la capacité des femmes à se présenter aux élections locales et à participer à la gouvernance. Ainsi, de nombreuses femmes dans les pays en développement voient leurs droits humains fondamentaux entravés par un système financier dépassé et inadapté aux besoins du 21ème siècle.
Au Pakistan, seulement 13 % des femmes ont un compte bancaire formel, contre 34 % des hommes. De plus, pour ouvrir un compte, les femmes doivent souvent fournir davantage de preuves de l’autorisation d’un membre masculin de la famille. La situation est légèrement meilleure en Asie du Sud, où 37 % des femmes ont un compte bancaire contre 55 % des hommes. Au Moyen-Orient, 45,5 % des femmes ont un compte bancaire, contre 59,6 % des hommes, tandis qu’en Afrique subsaharienne, 37 % des femmes ont un compte contre 48 % des hommes.
Lorsque les femmes réussissent à ouvrir un compte, elles sont souvent considérées comme moins dignes de crédit que les hommes. En Inde, le crédit accordé aux femmes ne représente que 27 % de leurs dépôts, alors que pour les hommes, ce chiffre est de 52 %. De plus, seules 5,2 % des entreprises recevant des crédits des banques publiques indiennes sont dirigées par des femmes, malgré leur meilleur taux de remboursement. Ce manque d’accès au crédit est lié à la possession de biens, souvent inférieure chez les femmes, ce qui limite leur capacité à fournir des garanties pour des prêts.
Face à cette situation, il est urgent de repenser le système financier actuel. Ce dernier reflète souvent les préjugés des personnes qui le gèrent, ce qui empêche l’égalité financière pour les femmes sans une transformation sociale significative. Bien qu’une telle révolution soit souhaitable, elle semble peu probable à court terme, notamment dans des pays comme l’Afghanistan et l’Iran, où la tendance se dirige dans la mauvaise direction.
Cependant, l’adoption de la technologie Bitcoin dans les pays en développement pourrait révolutionner le paysage économique. Étant une monnaie numérique neutre, le Bitcoin permettrait aux femmes d’accéder à des fonds sans avoir besoin de l’autorisation d’un membre masculin ou d’être affectées par des normes culturelles restrictives. Cela pourrait non seulement autonomiser les femmes, mais aussi améliorer la société dans son ensemble, en permettant à la moitié de la population de gérer et transformer l’argent librement.
Les entrepreneurs vivant dans des zones rurales sont souvent contraints de faire des déplacements dangereux et coûteux pour accéder aux banques. Le Bitcoin élimine cette nécessité : avec un simple téléphone portable et une connexion Internet, les femmes peuvent recevoir des paiements, épargner et participer au commerce mondial depuis chez elles. Cela est particulièrement bénéfique pour celles travaillant dans l’économie informelle, leur permettant d’accepter des paiements numériques sans avoir besoin d’un compte bancaire ou d’identité officielle.
Les fonctionnalités de confidentialité du Bitcoin sont également essentielles, notamment pour protéger les femmes en situation vulnérable. Dans des sociétés où la violence financière est omniprésente, la possibilité de garder le contrôle sur leurs fonds peut être salvatrice. Elles peuvent ainsi économiser sans crainte de perte ou de confiscation, créant ainsi des filets de sécurité pour elles-mêmes et leurs enfants. En outre, le Bitcoin facilite les transferts d’argent internationaux, permettant aux femmes de recevoir des fonds d’êtres chers à l’étranger sans les frais élevés des services traditionnels.
Le concept d’auto-custodie signifie que les individus ont un accès direct à leur richesse, sans besoin d’intermédiaire. Cela garantit non seulement la confidentialité mais aussi l’accessibilité mondiale. Associé à une forme de monnaie limitée en termes d’approvisionnement et capable de résister à l’hyperinflation, le potentiel transformateur du Bitcoin est indéniable.
En somme, le Bitcoin pourrait révolutionner la finance, de la même manière qu’Internet a transformé l’accès à l’information, en créant un terrain de jeu où l’accès et l’utilisation ne dépendent pas de caractéristiques personnelles statiques. En abaissant les barrières financières, les normes sociales qui soutiennent ces obstacles commencent également à se dissoudre. L’auto-custodie représente une décentralisation du pouvoir, donnant aux femmes et à toute la société la chance d’atteindre une autonomie financière.
Ceci est un article invité de Ghaffar Hussain, dont les opinions exprimées n’engagent que lui et ne reflètent pas nécessairement celles du magazine BTC Inc ou Bitcoin.
Résumé : Les femmes dans de nombreux pays en développement font face à d’importants obstacles financiers qui limitent leur autonomie et leur participation à la société. Les systèmes bancaires traditionnels sont souvent biaisés, ce qui rend difficile l’accès aux services financiers. Cependant, l’émergence du Bitcoin pourrait représenter une solution transformative, en offrant aux femmes la possibilité de gérer leurs finances de manière indépendante, sans la nécessité de conformité aux structures patriarcales existantes. Grâce à sa nature décentralisée et à ses caractéristiques de confidentialité, le Bitcoin pourrait révolutionner l’accès aux ressources financières pour les femmes, favorisant ainsi une plus grande égalité et empowerment au sein des sociétés.