La France adopte-t-elle une position favorable au Bitcoin ? Alors que le minage de cryptomonnaies a été interdit en Chine en 2021, d’autres pays comme les États-Unis et le Paraguay investissent activement dans cette activité. Qu’en est-il de la France ?
Le pays semble prendre une orientation pro-minage. Un petit groupe de députés a récemment ouvert le débat à l’Assemblée nationale en proposant un amendement qui pourrait avoir des répercussions significatives. Voici un point sur la situation.
- Des députés français ont soumis un amendement pour évaluer le potentiel du minage de Bitcoin en France.
- Le projet envisage d’utiliser le minage comme un outil de gestion pour le système électrique national, en valorisant les surplus d’énergie.
Situation du minage en France : Des députés tournés vers Bitcoin
Le 13 juin 2025, un groupe de parlementaires — composé de Jean-Marc Zulesi, Stéphane Vojetta, Philippe Latombe, Laurent Alexandre, Laurent Marcangeli, Paul Midy et Benjamin Haddad — a présenté un amendement dans le cadre de la loi sur la « Programmation nationale et simplification normative dans le secteur économique de l’énergie ».
Ils demandent que le gouvernement présente un rapport au Parlement dans l’année suivant l’adoption de la loi, afin d’évaluer la pertinence du développement du minage de Bitcoin sur le sol français.
Le but affiché ? Étudier si cette activité pourrait devenir un outil utile pour la gestion du système électrique français.
C’est un enjeu stratégique, qui se penche sur la valorisation des excédents de production énergétique, notamment en lien avec les énergies renouvelables et le parc nucléaire, tout en réduisant le gaspillage.
« Cet amendement vise à objectiver, à travers un rapport d’évaluation remis au Parlement, les conditions dans lesquelles le minage de Bitcoin pourrait contribuer au système électrique français. À une époque où la France cherche à optimiser ses surplus de production électrique — en particulier d’origine nucléaire ou renouvelable — le minage de Bitcoin présente des caractéristiques techniques uniques : il est hautement flexible, activable à la demande, localisable près des sites de production, et sans impact sur la continuité de l’approvisionnement. »
Dépasser les idées reçues sur le minage de Bitcoin
Les députés mettent en avant plusieurs avantages techniques du minage de Bitcoin :
- Une activité hautement flexible, pouvant démarrer ou s’arrêter rapidement ;
- Activable à la demande, selon les pics de production ou de consommation ;
- Localisable près des sites de production, même les plus isolés ;
- Sans impact sur la continuité d’approvisionnement du réseau.
En résumé, cela pourrait s’avérer être une activité qui peut s’adapter aux exigences du système électrique, absorber les surplus d’énergie, réduire les prix négatifs sur les marchés et soulager les centrales nucléaires en minimisant les cycles de modulation trop fréquents, qui accélèrent l’usure des installations.
Mais ce n’est pas tout. Le décollage d’une filière nationale de minage à faible empreinte carbone, supervisée par l’État, pourrait :
- Faciliter la reconversion de sites industriels désaffectés ;
- Permettre la valorisation de chaleur résiduelle pour des usages urbains ou industriels ;
- Renforcer la souveraineté énergétique de la France et soutenir l’innovation.
Bitcoin : Un lien énergétique innovant en France ?
Cet amendement est encore à l’état de proposition. Sa validation et sa traduction en actions concrètes par le gouvernement demeurent à voir. Cette question, qui a traîné pendant des années, ne sera pas résolue en un seul débat.
« Cette démarche d’évaluation éclairera les futurs choix politiques dans un cadre de souveraineté énergétique, d’innovation industrielle et de résilience du réseau. Cet amendement a été élaboré en collaboration avec l’ADAN. »
Cette déclaration témoigne d’un alignement progressif entre les instances publiques et un écosystème crypto en France, qui aborde ces enjeux depuis plusieurs années.
Effectivement, l’ADAN, ou Association pour le Développement des Actifs Numériques, est la principale organisation professionnelle du secteur crypto en France. Depuis sa création en 2020, elle joue un rôle clé de médiateur entre les entreprises Web3 et les pouvoirs publics, en proposant des solutions concrètes sur la régulation, la fiscalité et plus encore… le minage.
L’ADAN, un acteur politique important ?
Bien avant la reconnaissance de l’ADAN ou la soumission de cet amendement, certains acteurs ont déjà ouvert la voie. Parmi eux, BigBlock DataCenter, dont les dirigeants — Sébastien Gouspillou, Jean-François Augusti et Yann Trichard — plaidèrent dès 2018 pour un modèle français de minage, économe, localisé et intégré au réseau énergétique et urbain.
Ces personnalités étaient auditionnées par la commission « cryptomonnaies », exposant une vision claire : intégrer le minage à un projet national de souveraineté énergétique. Dès 2018, Gouspillou proposait un minage adapté au modèle énergétique français : récupération de chaleur, mini-fermes urbaines, laboratoires d’innovation… Un projet pragmatique, en phase avec les solutions proposées par les députés en 2025.
Bien qu’il ait fallu du temps, il est évident que le signal est clair : le sujet n’est plus tabou dans les hautes sphères politiques françaises, et le secteur crypto s’organise. Alors que les États-Unis dominent le hashrate mondial, la France pourrait-elle devenir un acteur crédible du minage de Bitcoin ? C’est en tout cas l’objectif de ces députés qui demandent au gouvernement de se pencher sur la question. Reste à voir si cet amendement sera accepté et si le gouvernement choisira de traiter le sujet.