Et si le principal danger pour Bitcoin n’était pas l’ordinateur quantique, mais plutôt le battage médiatique qui l’entoure ? C’est la position de Michael Saylor, figure emblématique de Strategy, qui voit dans l’angoisse liée à l’informatique quantique une stratégie marketing pour valoriser des cryptomonnaies moins solides. Faisons le point.
- Michael Saylor soutient que le véritable danger pour Bitcoin ne vient pas de l’informatique quantique, mais des rumeurs qui l’entourent.
- Une étude de Google indique que les ordinateurs quantiques pourraient compromettre la cryptographie moderne plus tôt que prévu, bien que le délai reste incertain.
Le quantum FUD, une ruse selon Saylor
Dans une interview accordée à CNBC, Saylor a mené une attaque frontale contre l’angoisse liée à l’informatique quantique :
« C’est surtout du marketing de la part de ceux qui veulent vous vendre le prochain yo-yo token quantique. »
À ses yeux, le débat autour du Q-Day — le jour où les ordinateurs quantiques pourraient compromettre la cryptographie moderne — est davantage une histoire qu’une réelle menace imminente.
Et même si cette apocalypse se produisait, Saylor reste inflexible :
« On mettra simplement à jour le réseau, tout comme le fait Google ou Microsoft. »
Google tire la sonnette d’alarme : le quantique, un casse-tête pour la cryptographie
Pour comprendre l’inquiétude suscitée par l’informatique quantique dans le domaine de la cryptomonnaie, revenons à l’essentiel : la sécurité de Bitcoin repose sur un algorithme de cryptographie appelé ECDSA, qui utilise des courbes elliptiques. Cet algorithme permet de générer une clé publique à partir d’une clé privée, mais l’inverse n’est pas possible — du moins, avec des ordinateurs classiques. Ce verrou mathématique protège vos bitcoins.
Cependant, l’informatique quantique entre en jeu avec l’algorithme de Shor, qui peut résoudre rapidement des problèmes mathématiques considérés comme incassables. En théorie, un ordinateur quantique suffisamment puissant pourrait retrouver des clés privées à partir de leurs clés publiques, permettant donc de dérober des bitcoins sans avoir à deviner un mot de passe.
Google a récemment mis en avant une étude alarmante. Le 23 mai 2025, ses chercheurs estiment que briser l’algorithme RSA-2048, couramment utilisé dans divers systèmes de cryptographie, serait 20 fois plus simple que prévu. Cela pourrait également s’appliquer à l’ECDSA, l’algorithme de Bitcoin, considéré plus vulnérable face à la technologie quantique.
Concrètement, alors qu’on pensait qu’il faudrait 20 millions de qubits pour compromettre RSA, l’étude montre qu’un million suffirait. Pour Bitcoin, seuls 2000 qubits logiques seraient nécessaires pour une clé de 256 bits. Autant dire que le jour où le matériel sera à la hauteur, le risque deviendra très réel.
Ce moment est désigné sous le nom de Q-Day, marquant le jour où l’informatique quantique sera capable de compromettre les fondations de la cybersécurité actuelle. Ce n’est pas imminent, mais cela ne relève plus de la science-fiction.
Sécurité Bitcoin : le maillon faible n’est pas où vous croyez
Pour Saylor, le véritable péril ne réside pas dans les laboratoires, mais plutôt dans les dispositifs des utilisateurs.
« Vous avez 10 000 fois plus de chances de perdre vos bitcoins à cause d’un phishing que d’un ordinateur quantique. »
Un rappel utile : l’ingénierie sociale reste l’arme favorite des hackers, bien devant les avancées technologiques.
Alors, faut-il craindre l’informatique quantique ? Oui, mais pas tout de suite. Le Q-Day approche, mais la route est encore floue. En attendant, à travers des mises à jour protocolaires et une cryptographie post-quantique, le monde de Bitcoin continue d’évoluer, comme il l’a toujours fait.