Des mots aux actions. Le 12 juin, lors d’une réunion avec les leaders américains de l’industrie du minage de bitcoins, Donald Trump a fait une déclaration marquante en disant : « Nous voulons que tous les bitcoins restants soient fabriqués aux États-Unis ! ». Quelques mois après cette promesse de campagne et à moins de quinze jours de son arrivée à la Maison-Blanche, il est temps de se pencher sur la faisabilité de ce projet et de donner la parole aux professionnels du secteur. Bien que ces derniers soient globalement optimistes concernant la future politique crypto américaine, ils demeurent sceptiques quant aux ambitions du nouveau président, dont les promesses pourraient se heurter aux dures réalités du marché. Nous faisons le point sur un secteur où l’économie et la géopolitique sont étroitement liées.
- Donald Trump a promis que tous les bitcoins restants seraient produits aux États-Unis, mais cette promesse a soulevé des doutes quant à sa faisabilité.
- Les experts estiment que les États-Unis manquent des infrastructures et des coûts énergétiques nécessaires pour centraliser l’ensemble du minage mondial de bitcoins.
Pourquoi ce projet est quasiment impossible, selon de nombreux professionnels du secteur
On connaît les talents oratoires de Donald Trump, qui aime improviser ses discours et n’est jamais avare de bons mots. Lorsqu’il ne s’exprime pas dans les médias, c’est sur les réseaux sociaux, ou plutôt sur son réseau social, que le Président élu énonce ses vérités et partage ses messages. Le 12 juin dernier, en pleine campagne, il déclarait que tous les bitcoins restants seraient, grâce à son action, produits sur le sol américain.
À présent, alors qu’il s’apprête à concrétiser cette promesse, la presse spécialisée américaine a interrogé les principaux acteurs du secteur, et leur réponse est claire : cela ne sera pas possible. Bien que les États-Unis représentent actuellement 40 % du hashrate mondial, selon Theminermag, réussir à rassembler les 60 % restants sur le territoire national serait « impossible », selon Matthew Sigel, responsable de recherche chez VanEck. Il ajoute qu’il faudrait que « les opérations minières dans le reste du monde ferment et se déplacent en Amérique ».
Les États-Unis pourraient cependant représenter plus de la moitié du hashrate mondial
Le même avis prévaut chez CJ Burnett, un responsable chez Compass Mining, qui confirme que cela est « techniquement infaisable » et en explique les raisons :
« Les États-Unis n’ont ni l’infrastructure électrique, ni le matériel informatique physique suffisant (les machines minières), ni des coûts énergétiques assez bas pour devenir le seul endroit dédié à l’extraction de tous les bitcoins restants. »
CJ Burnett, directeur des revenus chez Compass Mining – Source : Decrypt
Il précise que d’autres pays tels que le Kazakhstan, la Russie et le Canada se sont déjà engagés dans cette voie à une échelle industrielle et qu’ils n’ont aucune raison de céder leur place. Cependant, les États-Unis ont leur propre spécificité, et un autre expert le reconnaît :
« Le bitcoin peut déjà être extrait aux États-Unis, et l’amélioration probable de la politique nationale rendra l’extraction dans le pays encore plus attrayante, ce qui accélérera la croissance de l’industrie. »
Ro Shirole, Chief Business Officer de Blockmetrix – Source : Decrypt
Si les USA parviennent à renforcer leur position dans ce secteur, il est possible qu’ils atteignent un jour plus de la moitié du hashrate mondial, même si cela est bien au-dessous des promesses avancées par Donald Trump, cela demeurerait fort impressionnant.
Enfin, en examinant les entreprises qui détiennent le plus de bitcoins déjà extraits, il est clair que les États-Unis dominent à nouveau le terrain. Comme le montre le tableau ci-dessus, les entreprises américaines de minage occupent les premières positions, même si l’on prend en compte MicroStrategy et ses 446 400 BTC ! Marathon Digital, Riot Platform, Hut 8 et Cleanspark figurent également en tête de liste, bien loin derrière leurs concurrents.
En conclusion, on peut affirmer que les États-Unis n’auront a priori jamais la totalité de la puissance de calcul à leur disposition – et c’est probablement une bonne nouvelle. Cependant, en termes de réserves de bitcoins et de poids dans l’industrie mondiale, l’Amérique de Trump pourrait prendre une avance significative sur le reste du monde. De cette façon, le candidat pourrait effectivement respecter ses engagements de devenir « le Président de la crypto ».