Amazon a mis à jour ses conditions d’achat pour les livres électroniques Kindle aux États-Unis afin de clarifier que les clients acquièrent une licence pour le contenu, plutôt que la propriété. La nouvelle formulation est la suivante : « En passant votre commande, vous achetez une licence au contenu et acceptez les conditions d’utilisation du magasin Kindle. » Cette mise à jour concerne spécifiquement les clients américains ; les utilisateurs internationaux continuent de voir le texte précédent, mais le message sous-jacent reste le même : vous ne possédez pas le contenu, seulement l’autorisation de l’utiliser.
À compter du 26 février 2025, Amazon mettra fin à la fonctionnalité « Télécharger et transférer via USB » pour les appareils Kindle. Cela signifie que les utilisateurs ne pourront plus télécharger des livres Kindle directement sur leurs ordinateurs pour une utilisation manuelle, car l’accès au contenu acheté reposera désormais entièrement sur l’infrastructure cloud d’Amazon. Ce changement met en lumière une réalité sur la propriété : si un tiers peut retirer le contenu, cela ne constitue pas une véritable propriété.
Ce problème ne concerne pas uniquement Amazon, mais s’étend à tous les contenus numériques de notre époque actuelle. Par exemple, vos chansons et albums préférés sur des applications de streaming peuvent être inaccessibles sans connexion Internet. De plus, ces services restreignent le nombre d’appareils pouvant être utilisés et insèrent des publicités, sauf si vous payez un abonnement. Les époques où l’on pouvait écouter librement des disques, des cassettes ou des CD et les revendre ou les donner sont révolues.
Qu’est-ce que cela signifie de posséder quelque chose ? La propriété est généralement définie comme l’acte ou l’état de posséder un objet. Dans ce cas, bien que nous puissions techniquement posséder le contenu, celui-ci peut être modifié ou retiré à tout moment. Ce n’est pas une véritable propriété. Selon le dictionnaire Oxford, la propriété se définit comme « le droit exclusif d’utiliser, de posséder et de disposer des biens ». L’exclusivité est donc fondamentale pour la propriété.
Qu’en est-il alors de la propriété d’autres biens numériques comme votre argent ou votre identité ? Vous possédez votre nom, vos profils sur les réseaux sociaux et vos contenus. Cette exclusivité est protégée par des mots de passe, mais ces comptes peuvent être verrouillés ou supprimés à tout moment par les décisions d’entreprises comme Facebook ou Twitter. En ce qui concerne l’argent dans votre compte bancaire, bien que vous en soyez le propriétaire légal, les banques peuvent geler les comptes et les gouvernements peuvent confisquer des fonds à tout moment. Cela remet en question la notion de véritable propriété.
Alors, que signifie réellement posséder quelque chose ? Ce n’est pas suffisant d’avoir l’objet ; il faut également détenir l’exclusivité et être capable d’appliquer cela. Dans le monde physique, cela se résume souvent à la coercition, à la menace ou à l’usage de la force. En revanche, dans le domaine numérique, le chiffrement devient un outil crucial. Il remplace la nécessité de la violence en rendant l’accès aux données sécurisées inaccessibles sans consentement.
Le chiffrement ne protège pas seulement la propriété numérique mais change aussi la nature même du pouvoir, en éliminant la violence de l’équation. Cela explique pourquoi c’est si disruptif.
Dans les systèmes chiffrés, la signature numérique est une méthode pour prouver la possession et le contrôle. Par exemple, PGP permet de signer des messages, prouvant qu’ils sont authentiques. De même, Nostr, un protocole décentralisé de médias sociaux, lie votre identité à votre clé privée, plutôt qu’à une entreprise tierce. Bitcoin illustre ce principe : le contrôle de vos clés privées signifie que vous êtes le seul à pouvoir accéder à vos fonds. Quiconque signe une transaction Bitcoin en détient véritablement la propriété. Aucune banque ou gouvernement ne peut geler vos fonds sans votre clé privée.
L’axiome de Bitcoin « pas vos clés, pas vos pièces » est révélateur. Cela signifie que si vous ne contrôlez pas les clés privées associées à votre Bitcoin, vous n’en êtes pas le propriétaire. Les échanges conservent ces clés, si bien qu’ils peuvent geler votre compte ou limiter les retraits. De même, les comptes de courtage peuvent être gelés comme des comptes bancaires. La véritable propriété repose sur la détention de vos clés, car seules celles-ci vous permettent de gérer intégralement votre argent, votre identité et votre propriété.
Avec le passage du monde physique au monde numérique, l’accès est facilité, mais la notion de propriété devient plus floue. Que ce soit pour les livres, la musique, l’identité ou l’argent, le simple fait de posséder quelque chose s’avère être une illusion de propriété. Les entreprises peuvent révoquer l’accès, les gouvernements peuvent saisir des fonds et les plateformes peuvent supprimer des identités. Cependant, le chiffrement change cette dynamique. La propriété devient alors exécutoire, non par des lois ou des institutions, mais par des mathématiques. Pour jouir d’une véritable propriété numérique, la règle est simple : contrôlez vos clés, sinon quelqu’un d’autre sera le véritable propriétaire.
Ceci est un message invité de Will Jager. Les opinions exprimées sont entièrement les siennes et ne reflètent pas nécessairement celles du magazine BTC Inc ou de Bitcoin.
Résumé : Amazon a modifié ses conditions d’achat concernant les livres Kindle, soulignant que les clients n’achètent qu’une licence d’utilisation et non la propriété. À partir de 2025, les utilisateurs ne pourront plus transférer des livres Kindle sur des ordinateurs, rendant l’accès entièrement dépendant des serveurs d’Amazon. Ce phénomène met en lumière la question de la propriété numérique, où la véritable possession requiert des moyens de contrôle, notamment le chiffrement. L’axiome « pas vos clés, pas vos pièces » est essentiel pour comprendre la nature de la propriété dans un monde numérique. Les entreprises et gouvernements peuvent exercer un contrôle, tandis que le chiffrement vise à sécuriser la possession et l’accès.